Gusti et son école dans la tourmente politique de la Roumanie
Zoltan ROSTAS
David Mihai GAITA
Les Études sociales, n° 153-154, 2011
L’Ecole sociologique de Bucarest, fondée au sortir de la Première guerre mondiale par Dimitrie Gusti, a réussi à accomplir, dans un pays à faible tradition sociologique, un programme scientifique original, reconnu internationalement durant les années ’30. Les résultats auxquels elle est parvenue –aujourd’hui méconnus par beaucoup des spécialistes des sciences sociales- ne s’expliquent pas par une simple histoire interne de ses avancées scientifiques. Ils sont liés aux conditions politiques de la Roumanie sans l’intelligence desquelles on ne peut comprendre l’essor puis le déclin de la sociologie de Gusti et de ses disciples.
Un pays à construire
L’Ecole sociologique de Bucarest, plus que d’autres communautés scientifiques en Roumanie, s’est formée et développée en liens étroits avec les conditions socio-politiques de la modernité. Dimitrie Gusti a fondé l’Association pour la science et la réforme sociales, premier vecteur d’institutionnalisation de son Ecole, au cours d’une période de crise de l’Etat roumain révélée par la guerre[1]. En effet, au printemps de 1918, à la suite de la défection de son allié, la Russie, le gouvernement roumain a été contraint à des négociations avec les puissances centrales, l’Allemagne et l’Empire austro-hongrois, dans des conditions très défavorables. Menacée d’importantes réductions territoriales, la Roumanie n’a été sauvegardée que par les victoires de l’Entente sur le front de l’ouest en août 1918. Si son pays a pu in extremis réintégrer le camp des vainqueurs et profiter de la victoire, l’auteur du programme de l’Association n’en considère pas moins que la Roumanie s’est trouvée en péril autant pour des raisons militaires que pour n’avoir pas su mener une réforme sociale profonde. Il met en cause le manque de compétence de l’appareil d’Etat et considère, avec ses partenaires de l’Association (universitaires, magistrats, économistes, ingénieurs, avocats, hauts fonctionnaires), que la Roumanie est dans une situation similaire à celle de la France après la défaite de 1871 quand a été créée l’Ecole libre des sciences politiques pour remédier à l’insuffisance des cadres administratifs et politiques. Le modèle de celle-ci, ainsi que les motifs de sa création, sont explicitement évoqués par le groupe d’intellectuels fondateurs de l’Association en avril 1918. Ultérieurement, l’euphorie née de l’occupation de la Transylvanie, de la Bessarabie, de la Bucovine du Nord et du Dobroudja du Sud, garantie par les traités de paix, n’a pas abusé Gusti et ses amis pour qui les problèmes de la Roumanie ne sont pas résolus par cette issue victorieuse, ni par l’unification des Roumains dans un seul pays[2]. Ils estiment, au contraire, qu’aux anciens problèmes sociaux et politiques s’en ajoutent de nouveaux, imprévus. Après la Première guerre mondiale, la Roumanie a radicalement changé de visage. Son territoire a doublé du fait du rattachement des provinces mentionnées ci-dessus, appartenant jusqu’alors à l’Empire austro-hongrois, à la Russie tsariste, ainsi qu’à la Bulgarie. Sa population aussi, passant à plus de 16 millions d’habitants, le pays devenant d’un coup une puissance régionale. Mais cet accroissement significatif en a également sensiblement modifié la composition ethnique, 30% des citoyens de la Grande Roumanie étant issus des minorités (magyars, allemands, juifs, tsiganes, russes, ukrainiens, bulgares, turcs, tartares, grecs, slovaques, etc.). Par ailleurs, en modifiant ses frontières, la Roumanie est devenue voisine des nouveaux états d’Europe centrale et de l’est, la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie, la Pologne, pays amis, et de la Bulgarie, la Russie soviétique et la Hongrie, pays ab ovo hostiles en raison des pertes territoriales en faveur de la Roumanie. Après les premières années de l’après guerre qui voient éclater des conflits armés avec la Hongrie des Soviets et avec les détachements de bolcheviks en Bessarabie, la Roumanie connaît des difficultés internes majeures causées par la pauvreté, le chômage, la désorganisation économique, le chaos des finances publiques qui génèrent une forte agitation politique. Les différents gouvernements qui se succèdent, sont confrontés, non seulement à ces problèmes, mais aussi à l’intégration administrative des nouvelles provinces, tout comme à l’unification territoriale des voies de communication. La difficulté de cette intégration est accrue par la différence entre la culture politique des provinces annexées, d’une part, et celle du Vieux Royaume, de l’autre[3].
Malgré la restructuration de la configuration politique du pays, avec l’apparition d’un grand nombre de nouveaux partis, des réformes s’accomplissent : la réforme agraire qui annihile le pouvoir de l’ancien parti conservateur des grands propriétaires terriens, l’extension du droit de vote à l’ensemble de la population (sauf les femmes) et la citoyenneté accordée aux juifs. Cependant, le vieux Parti national libéral, au pouvoir entre 1920 et 1928, n’a pas saisi que la politique protectionniste traditionnelle, avec le fameux slogan « par nous-mêmes », est impraticable. Si une nouvelle constitution, libérale dans son essence, a été promulguée (1923), la conception centralisatrice et autoritaire du Parti national libéral est restée inchangée. Le gouvernement conduit par Ion I. C. Bratianu a cru que l’intégration des provinces annexées se réaliserait par l’imposition du centralisme et l’implantation dans la nouvelle administration des fonctionnaires provenant du Vieux Royaume. De nombreux conflits se sont ainsi développés entre Bucarest et l’élite politique roumaine des provinces, désapprouvés par les anciens alliés de la Roumanie, l’Angleterre et la France. Si le péril bolchevique pouvait sembler la justification d’un gouvernement centralisé dans les premières années de l’après-guerre, le temps passant, il est apparu l’alibi du clientélisme et de la corruption. Ainsi que l’explique Catherine Durandin, les adversaires politiques des libéraux
« voient dans le dispositif législatif et financier institué par le parti la mise en coupe réglée de l’Etat au profit de ses clientèles et le décollage d’une industrie libérale et non nationale »[4].
Pendant la décennie dominée par le Parti national libéral, la vie culturelle n’a pas non plus été des plus sereines. La construction de la culture nationale est devenue une politique d’Etat, ayant comme objectif la réalisation la plus rapide possible de l’unité « spirituelle » de tous les Roumains. Puisque cette homogénéisation ne pouvait être réalisée que par des écoles et des universités, le gouvernement national libéral a créé un grand nombre d’écoles normales, afin de mettre le plus grand nombre d’instituteurs au service de cette œuvre. Aux deux universités roumaines, de Bucarest et de Iasi, s’ajoutent celle de Cluj, reprise aux Magyars, et celle de Cernauti, reprise aux Autrichiens. Toujours dans le but de réaliser rapidement l’intégration et l’homogénéisation, le nombre d’écoles normales a augmenté, tout en réduisant la durée des études à trois ans. Cette politique d’annihilation des identités régionales n’a pas heurté que les élites intellectuelles roumaines des provinces, elle a réveillé aussi les anciens problèmes identitaires de la culture roumaine. Les défenseurs conservateurs du passé étaient alarmés par la dilution du caractère oriental du christianisme roumain dans le creuset européen occidental. Le champ culturel-idéologique a été le lieu de plusieurs fronts. Les nationalistes traditionalistes se confrontaient aux néolibéraux qui justifiaient l’origine roumaine de la bourgeoisie autochtone ; contre eux, s’affirmait le « taranisme » (« paysannisme »), avec ses racines « narodnicistes » (populistes)[5]. A l’ombre de ces courants, qui avaient également une expression politique partisane, se profilait dès les années 1920 l’orthodoxisme culturel, ainsi que le corporatisme, dans une confrontation avec la gauche culturelle libérale. Toutes ces tendances auront une influence accrue pendant les années 1930.
De jeunes sociologues modernisateurs
Dans une telle atmosphère, D. Gusti et son Association – qui deviendra en 1921 l’Institut social roumain – essaient de s’élever au-dessus des partis afin de devenir un forum de dialogue scientifique concernant les problèmes importants de la connaissance et de la modernisation du pays. En dépit de troubles sociaux majeurs, l’Institut social roumain développait son travail, devenant une autorité de renforcement de la compétence des experts en modernisation de l’appareil d’Etat roumain. Toujours en 1921, Gusti a réussi à inaugurer un cycle de conférences auxquelles ont été invités non seulement des experts de haut rang, mais également des hommes politiques de premier plan. Contrastant avec le style démagogique qui régnait au Parlement ou lors des campagnes électorales, les politiciens, dans le cadre de l’Institut social roumain, s’engageaient à exposer les conceptions idéologiques de leur parti de manière rationnelle et systématique. D’autre part, Gusti, en 1925, commence la série des campagnes de sociologie monographique dans une vision holiste[6], étudiant chaque été un village de chaque région historique de la Grande Roumanie. En fait, c’est à partir de ces recherches annuelles que s’est formée l’école sociologique composée de jeunes licenciés ou étudiants de Gusti, provenant surtout de la classe moyenne de Bucarest. Une des particularités de cette école dans le contexte européen de l’entre-deux-guerres a été la participation significative des licenciées et des étudiantes à l’étude monographique des villages[7].
Cette volonté affichée de l’Ecole de rester neutre d’un point de vue politique facilitait son acceptation de la part du gouvernement national libéral, même si Gusti était personnellement perçu comme proche de l’idéologie « paysanniste ». Il est opportun ici de souligner que, par la recherche systématique sur le terrain et par la mise au point de la méthodologie et de la théorie des études des unités sociales -en premier lieu des villages-, Gusti a formé une école, présentant les caractéristiques propres à ce type de collectif scientifique. Cette école sociologique dite de Bucarest n’a pas, cependant, été une école monopolistique, dans la mesure où elle n’a pas inclus toutes les orientations de la sociologie de la Roumanie de l’entre-deux-guerres. En particulier, les titulaires des chaires de sociologie comme Traian Braileanu[8] à Cernauti, Virgil Barbat[9] et Constantin Sudeteanu[10] à Cluj, Eugeniu Sperantia[11] à Oradea – tous des armchair sociologists– ont gardé leurs distances vis-à-vis des recherches gustiennes et de toute recherche empirique en général.
Après l’échec du gouvernement national libéral en 1927 –dû en grande partie à la mort subite du chef du parti libéral, Ion I. C. Bratianu, et à celle du roi Ferdinand, grand soutien de ce parti– les gouvernements nationaux-paysans ont sollicité Gusti afin qu’il occupe de hautes fonctions d’Etat, comme celles de président de la Caisse autonome des monopoles d’Etat, de président de l’Office national de la coopération et plus tard président de la Société de radiodiffusion de Bucarest. En sus de ces hautes fonctions –dans lesquelles il a pleinement démontré ses capacités d’administrateur– Gusti a continué à assurer ses cours et a personnellement dirigé les recherches dans les villages, jusqu’à la fin du cycle des monographies sociologiques, en 1931, lors de la campagne de Cornova.
Une nouvelle politique royale
Les gouvernements nationaux-paysans promettaient des réformes qui avaient pour but de rétablir les liens économiques avec l’ouest de l’Europe, la décentralisation administrative du pays, l’allégement de la fiscalité, etc. Peu d’entre elles ont été réalisées, en premier lieu en raison de la crise économique mondiale en 1929. Dans ces conditions, la situation politique s’est significativement tendue, avec l’émergence de forts courants de gauche et d’extrême droite. Utilisant la lutte illégale, ces deux courants attaquaient le système de la démocratie constitutionnelle. Dans le même contexte, s’est également renforcé le courant carliste, dont l’unique but était d’amener sur le trône du pays le prince Charles, déshérité à la suite de scandales familiaux (adultère) et surtout en raison de la méfiance du Parti national libéral à son égard. Ce courant carliste s’est renforcé après la mort du roi Ferdinand, auquel a succédé sur le trône son neveu mineur, Mihai. Dans ces circonstances, la Maison royale a été représentée par la Haute régence. Comme cette institution fonctionnait de manière laborieuse, le courant favorable au retour du prince Charles se trouvait renforcé. Même le chef du gouvernement national-paysan, l’intransigeant homme politique transylvain Iuliu Maniu, ne s’opposait plus à l’accession de Charles, sous certaines conditions. Celui-ci, rentré dans le pays clandestinement pendant l’été de 1930, a cependant choisi de s’installer sur le trône par un coup d’Etat, soutenu par l’armée. Le roi n’ayant pas satisfait aux exigences posées par Maniu, celui-ci démissionne de sa fonction de premier ministre, déclenchant une longue instabilité gouvernementale. Couronné sous le nom de Charles II, Charles s’est déclaré immédiatement « Prince (voievod) de la culture ». Dimitrie Gusti, au courant, dès 1922, du programme de développement culturel des villages prôné par la Fondation culturelle « Prince Charles », a placé de grands espoirs dans l’aide que le jeune roi pourrait accorder à ses projets de sociologie appliquée. Dans cette perspective, il l’a invité à occuper la fonction de président d’honneur de l’Institut social roumain, fonction que le souverain a acceptée.
A partir de la démission de Maniu, il était clair que le souverain allait devenir le principal artisan de la politique roumaine des années ’30. Il désigne l’historien Iorga comme chef d’un gouvernement de techniciens, ayant comme mandat de sortir le pays de la crise. Cette solution au-dessus des partis n’a pas eu de succès, le gouvernement n’ayant bénéficié que d’un faible soutien parlementaire, tandis qu’en raison des mesures d’austérité, le soutien populaire lui a manqué. Aussi, pendant l’été 1932, le roi a-t-il rappelé au gouvernement le parti national-paysan, avec, à sa tête, Alexandru Vaida-Voevod, un autre leader national-paysan transylvain. Gusti est invité à entrer dans ce cabinet, bien qu’il ne soit pas membre du Parti national paysan. A la tête du ministère de l’Instruction, des Cultes et des Arts, il continue les mesures impopulaires de ses prédécesseurs de restriction des dépenses pour l’enseignement qui, sous les nationaux libéraux, avaient connu un développement exagéré. Il impose la fusion des écoles ayant un faible nombre d’élèves et supprime des écoles normales, car les jeunes instituteurs ou professeurs de lycée ne trouvaient plus de postes libres. La « courbe de sacrifice » imposée par la politique d’austérité a impliqué même la réduction du nombre d’étudiants scolarisés dans les universités du pays. Sur le plan législatif, Gusti a voulu réaliser une réforme de l’enseignement élémentaire et fonder le sénat culturel, mais les deux projets ont été rejetés par le Parlement. Ses efforts se sont concentrés sur l’unification de toutes les institutions culturelles de l’Etat dans un grand ministère de la Culture, mais il n’a réussi à réaliser que l’unification des Fondations royales dans une fédération, mesure préliminaire en vue de ce nouveau type de ministère. Survivant à deux crises gouvernementales, Dimitrie Gusti, même s’il n’a pas réalisé la réforme de l’enseignement pour laquelle il s’est intensément préparé, a néanmoins coordonné en tant que sociologue une recherche et une vaste documentation sur le processus de l’enseignement à tous les niveaux. Sur son activité comme ministre, il publie Un an d’activité au ministère de l’Instruction, des Cultes et des Arts, 1932-1933, paru en 1934.
La génération montante, enjeu politique
Dans la situation de chômage intellectuel de masse (due à la politique universitaire des nationaux libéraux) arrive à la maturité une jeune génération d’écrivains, philosophes, essayistes, sociologues, journalistes, artistes éduqués après la guerre, qui ressent le besoin d’exposer publiquement ses options. Au sein de cette génération, deux groupes se sont cristallisés : l’un issu du séminaire et des recherches rurales de Gusti –les « monographistes »– et l’autre formé sous l’influence du philosophe et journaliste Nae Ionescu – les « essayistes ». Ces deux groupes ont évolué de manière relativement indépendante, mais, dans la période où Gusti a été ministre, ils ont réalisé un forum de dialogue intellectuel de grand retentissement. C’est ainsi que voit le jour, à l’initiative de Petru Comarnescu[12], en 1932-33, l’Association culturelle « Criterion », qui organise des débats publics sur des thèmes d’actualité culturelle et idéologique. Cette confrontation publique des essayistes Petre Comarnescu, Mircea Eliade[13] et Constantin Noica[14], avec les monographistes Mircea Vulcanescu et Henri Stahl marque également le dernier moment de dialogue entre les différentes orientations idéologiques de la jeune génération formée après la Première guerre mondiale. La dissolution de cette association a été décrite de manière imagée dans La monographie comme utopie. Entretien avec H. H. Stahl :
« Et cela a marché un an, deux ans, trois ans, jusqu’à ce que, petit à petit, tu voyais comment l’un après l’autre ils devenaient légionnaires. D’ailleurs je crois, je suis convaincu, que c’était l’idée, la suggestion de Ionesco[15] lorsqu’il a écrit Rhinocéros. La lente transformation de Constantin Noica, par exemple… Qu’est-ce qu’il avait à faire avec la Légion, parbleu?! Un homme de bonne volonté, dis, et doux jusqu’à l’innocence. Qu’avait à faire Mircea Eliade avec ce truc? Absolument rien! Qu’avait à faire le chef même de « Criterion », Comarnescu ? Qu’est-ce qu’il avait à faire avec la Légion? Rien. On pouvait leur demander: que cherchiez-vous à la Légion ? Eh bien, c’est intéressant, on fait des promenades le soir, on participe à des marches le soir, on tire au fusil… Est-ce que ceci pouvait intéresser Comarnescu?! C’était – comment puis-je dire – une démence sociale, une épidémie, sans doute. Tour à tour ils tombaient dans ce piège, l’un après l’autre…, jusqu’à ce que, évidemment, toute cette association, qui était très intéressante, a été démantelée »[16].
Érodé par les impopulaires mesures anticrise, à la fin de l’année 1933, le gouvernement national-paysan perd les élections. Le Parti national libéral lui succède. Le nouveau premier ministre, Ion C. Duca, intensifie la répression du mouvement fasciste roumain, la Légion de l’Archange Michel, rebaptisée Garde de Fer (1930). En 1933, lui-même est victime d’un attentat commis par les légionnaires. Cet événement convainc l’élite politique que l’utilisation de la force contre les légionnaires est insuffisante et qu’il est nécessaire d’inventer un contre-mouvement pour attirer la jeunesse dans une activité socialement utile dans le cadre du système, et, bien entendu, loyale au roi. Sans que cela soit annoncé de manière officielle, le point de départ de ce mouvement alternatif a été l’École sociologique de Bucarest, par la nomination de Dimitrie Gusti, en 1934, à la tête de la Fondation culturelle royale « Prince Charles », avec pour tâche d’attirer le plus d’étudiants possible dans les équipes de travail culturel à la campagne. Simultanément, avec un gouvernement national libéral plus obéissant envers la Cour, une nouvelle politique d’éducation de la jeunesse est initiée. Au début de 1934, une série de mesures est approuvée pour organiser l’activité extrascolaire des élèves et des lycéens dans l’esprit de l’amour pour le roi Charles II. Il s’agit de ressusciter la politique de la jeunesse promue sous forme de volontariat dans les années ’20 par la Fondation « Prince Charles ». Si, pendant les années de gouvernement national-paysan les camps de travail légionnaires ont été réprimés, interdits par les autorités, à présent pour les contrecarrer, on a recours à une autre tactique, l’initiation d’un mouvement de jeunesse semblable, mais loyal au Roi plutôt qu’au Capitaine[17]. On tentait donc de satisfaire le besoin de dirigeant charismatique, considérant que le jeune roi Charles II pouvait être accepté dans ce rôle. La nomination de Gusti à la tête de la Fondation culturelle royale « Prince Charles » visait apparemment uniquement à revigorer – en conformité avec les nouvelles exigences d’éducation du village – l’activité de la Fondation, embourbée dans la vieille formule d’avant-guerre de la « mission d’éclairage » des paysans. Il s’agissait de moderniser la Fondation et, au-delà, d’impliquer des étudiants dans son activité. Sans l’avouer, Gusti poursuivait la valorisation de l’expérience des campagnes monographiques déroulées entre les années 1925-1931, par l’introduction d’une nouvelle formule de travail culturel. Les équipes étudiantes sélectionnées et préparées par les anciens collaborateurs réalisaient également le programme d’intervention sociale dans les campagnes (visant le développement de la culture du travail, de la santé, de l’esprit et de l’âme), mais aussi les programmes du mouvement culturel de jeunesse attaché à la monarchie et, de manière personnelle, au souverain Charles II. Ce « contre-mouvement » culturel de jeunesse a été complété plus tard, le 7 octobre 1937, par l’organisation la « Garde du Pays », composée d’écoliers et de lycéens. L’organisation paramilitaire, la discipline introduite, les rituels, les chants, la gesticulation typique des organisations de jeunesse des régimes totalitaires européens étaient, sans doute, une forme de neutralisation de l’influence du mouvement légionnaire au sein de la jeunesse des écoles. En fait, de la même façon que dans les autres pays européens, dans la Roumanie de l’entre-deux-guerres, les forces politiques majeures du système parlementaire étaient en compétition pour embrigader dans leur camp cette nouvelle force sociale qu’était la jeunesse.
De la communication de masse moderne à la dictature royale
L’organisation de la jeunesse en faveur de Charles II s’accompagne aussi d’une médiatisation par la presse écrite, la radio et les expositions. Gusti ayant de l’expérience dans l’organisation d’expositions depuis l’époque des monographies, cette forme de promotion du travail culturel n’a pas manqué dans l’arsenal des équipes estudiantines. Après la campagne de l’été-automne, un événement de masse est organisé, comportant une grande exposition des résultats des équipes, largement popularisés par la presse. A la même époque, au printemps 1936, est décidée la construction d’un Musée du Village. Plusieurs habitats paysans, représentatifs des différentes régions historiques de la Roumanie, sont démontés et transportés à Bucarest. Cette opération, très attractive encore de nos jours pour le visiteur, constitue un message politique complexe d’attachement au monde villageois ; pour Gusti et son école, elle a aussi un objectif scientifique, celui de jeter les bases d’un futur grand laboratoire de recherche sociologique. Le succès du Musée du Village entraîne la nomination de Gusti comme organisateur du pavillon de la Roumanie à l’Exposition universelle de Paris de 1937. La presse française de l’époque se fait l’écho positif de ce pavillon qui couronne le commissaire général Gusti comme bâtisseur de l’image extérieure de la Roumanie. De même que le Musée du Village, le Pavillon de Paris n’a pas servi qu’à la propagande politique et économique ; il a constitué un moyen de dissémination de l’information sur la sociologie monographique de l’école gustienne et sur le travail culturel des équipes étudiantes de la Fondation culturelle royale. C’est dans ce contexte de l’exposition universelle qu’a été décidé que le prochain congrès international de sociologie se tiendrait à Bucarest, en 1939, sous la houlette de Gusti.
Dans une situation de plus en plus tendue en raison de la politique et de la propagande hitlériennes, Charles II intensifie ses efforts pour capter la jeunesse à son profit, mais, simultanément et secrètement, il essaye de contrôler aussi la Garde de Fer, en lui faisant des concessions. Le gouvernement national libéral dirigé par Gh. Tatarascu, plus loyal envers le roi qu’envers le parti, tente de ne pas entrer en collision avec la Garde de Fer. Mais, en dépit de la bonne conjoncture économique et de l’appui du roi, son parti, en décembre 1937, perd les élections. La Garde de Fer, rebaptisée pour l’occasion « Tout pour le pays », obtient le plus grand succès de toute son histoire (avec 15% des suffrages) et aurait pu former un gouvernement de coalition avec un autre grand parti. Pourtant, Charles II désigne pour former le nouveau gouvernement, Octavian Goga, dont le parti d’extrême droite (Parti national chrétien) a obtenu le plus petit nombre de suffrages (4,5%). Ce gouvernement antidémocratique et antisémite échoue et donne prétexte au roi qui procède à l’abolition de la constitution de 1923 et inaugure, le 10 février 1938, une dictature personnelle. Une nouvelle constitution est promulguée et un autre gouvernement mis en place appuyé par un parti unique, le Front de la renaissance nationale, voulu par le roi. Cette dictature, sorte de monarchie sociale et corporatiste, est explicitement anti-légionnaire et implicitement anti-hitlérienne ; elle bénéficie de la collaboration tacite et/ou publique des personnalités dirigeantes des anciens partis, désormais interdits, des libéraux jusqu’au « paysannistes », en passant par les sociaux-démocrates et même des personnalités politiques minoritaires. Charles II essaie même d’attirer le seul ennemi déclaré du régime carliste, la Garde de Fer. Constatant que les légionnaires restent inflexibles, il opère des arrestations parmi ses chefs, emprisonnant Corneliu Zelea Codreanu, le dirigeant du mouvement. Après un voyage diplomatique pendant lequel il n’a pas réussi à obtenir des garanties de la part d’Hitler concernant l’intégrité de la Roumanie, le roi a ordonné l’élimination des gardistes condamnés.
Parallèlement aux mesures contre la Légion, Charles II intensifie la propagande tendant à valoriser son régime sur le plan intérieur comme extérieur. La plus remarquable des réalisations en ce sens consiste en la participation à l’Exposition mondiale de New York en 1939. Avec, à nouveau, Gusti à la tête de l’organisation du pavillon roumain, Charles II cherche à entretenir une image constructive de son pays à l’étranger. Sur le plan intérieur, des efforts sont faits pour capter la sympathie de la jeunesse et contrebalancer l’influence subversive de son ennemi déclaré, la Légion. Pour cette raison, le souverain accepte la proposition de Gusti de promulguer, le 13 octobre 1938, la loi du Service social qui prévoit un élargissement de l’expérience des équipes étudiantes de travail culturel de la Fondation, mais sous une forme plus sévère : l’obligation pour chaque diplômé de l’université et de l’école supérieure d’effectuer un stage de quelques mois dans un village. Cette organisation à caractère paramilitaire doit, à côté des organisations des Gardiens du Pays qui réunissent des élèves de toutes catégories, attirer la jeunesse du côté de Charles. En dépit de ces efforts, l’ « épidémie » légionnaire continue de se répandre. A l’automne de l’année 1939, la loi du Service Social n’est pas suspendue seulement en raison du déclenchement de la guerre, mais aussi à cause de la contamination de l’intérieur des équipes du Service social par les légionnaires. Cette opposition culmine avec l’attentat contre le premier ministre, Armand Calinescu, suivi de l’arrestation des chefs des organisations légionnaires de chaque département et leur exécution en place publique. C’est dans ce contexte de guerre extérieure et d’insurrection intérieure que la tenue du XIVème Congrès international de sociologie, programmée pour la fin août 1939[18], est repoussée à avril 1940, par un accord téléphonique entre René Maunier, le président de l’Institut international de sociologie, et Dimitrie Gusti.
La sociologie gustienne, du démantèlement à la redécouverte
On connaît la suite de l’histoire. En dépit de sa politique de concessions, Charles ne peut éviter la cession, le 27-28 juin 1940, de la Bessarabie à l’Union soviétique (conformément à l’accord entre Ribbentrop et Molotov du 23 août 1939), ni celle de la Transylvanie du Nord à la Hongrie. Il est contraint de céder le trône à son fils, Michel, tandis que le général Antonescu se déclare chef de l’Etat, à la tête d’un gouvernement légionnaire. Dans cette nouvelle phase de la politique roumaine, alors que la suspension de la loi du Service social provoque une diminution sensible du budget de la Fondation culturelle royale, les collaborateurs de Gusti se dispersent dans diverses institutions de l’Etat, la majorité se trouvant embauchée à l’Institut central de statistique de Bucarest. Rendue plus difficile, leur activité éditoriale reprend, cependant, au début de 1940, avec la publication de la série des volumes Nerej, un village d’une région archaïque d’Henri H. Stahl, œuvre représentative de la monographie sociologique, rédigée en français et conçue, à l’origine, pour le congrès de 1939[19]. On assiste aussi à la publication des résultats des enquêtes des années ’30, dans Sociologie Româneasca et Arhiva pentru stiinta si reforma sociala. Une seule nouvelle recherche monographique, plutôt sommaire et statistico-sociologique, est effectuée sur ordre de la direction de l’Etat. Elle est le fait d’Anton Golopentia et de son groupe de l’Institut central de statistique ; elle porte sur des localités où résident des populations roumaines, situées derrière le front, à l’est du Bug, en Ukraine. Quant à Gusti, malgré la paralysie de son école et la défiance personnelle qu’il inspire à Antonescu, en 1943, il est élu président de l’Académie roumaine.
C’est dans les fonctions de président de l’Académie, après le coup d’Etat royal du 23 août 1944 qui entraîne la demande d’armistice de la Roumanie et son retournement contre le Reich allemand, que Gusti prend contact avec l’Académie de l’URSS. Bientôt, il reçoit des savants soviétiques qu’il visite en retour. Durant le « retour à la démocratie », marqué par la montée en puissance du parti communiste, seuls, parmi les membres de l’ancienne école gustienne, Traian Herseni et Mircea Vulcanescu, membres respectivement du gouvernement légionnaire et du cabinet du maréchal Antonescu, sont sanctionnés. Ce n’est qu’au fur et à mesure de l’installation au pouvoir du parti communiste que les gustiens se trouvent marginalisés dans les institutions où ils exercent (université, Institut de statistique, Académie roumaine) et assistent in fine à l’anéantissement de la sociologie et de leur école en 1948. En effet, l’abdication du roi et la proclamation de la République populaire de Roumanie (décembre 1947) sont accompagnées d’une vague d’arrestations, du démantèlement des partis historiques, de l’unification forcée du parti communiste et du parti social-démocrate, de l’étatisation des principales usines, fabriques et banques, ainsi que la confiscation des grandes propriétés terriennes et le début de la collectivisation. Lors de la réforme de l’enseignement (été 1948), la sociologie et les sociologues sont épurés de l’Université, Gusti lui-même n’étant pas reconduit à l’Académie réformée. Pire, il perd aussi sa retraite de professeur et la maison dans laquelle il vivait, forcé d’aller habiter à la périphérie de Bucarest. Les années suivantes, plusieurs anciens membres de son école sont emprisonnés en raison de leur passé politique ou de leur activités antérieures: Mircea Vulcanescu, Anton Golopentia, Traian Herseni, Octavian Neamtu, Gheorghe Retegan. Les deux premiers nommés meurent en détention.
Dans ce contexte, plusieurs des disciples de Gusti parviennent, néanmoins, à poursuivre des recherches en sciences sociales (ethnographie, statistique, économie, histoire). Il serait aisé de démontrer que l’expérience de la monographie sociologique leur a été utile dans ces différents domaines[20]. On en trouve trace dans des monographies économiques[21], réalisées selon la méthode gustienne simplifiée, après l’amorce de déstalinisation (1956), mais sans que le terme de « sociologie » n’apparaisse et, encore moins, le nom de Gusti. Ces timides tentatives, bien que condamnées, en 1959, par la revue idéologique du parti communiste, La Lutte de classe, sont suivies d’un nouvel essai de ré-introduction de la sociologie dans le champ académique, sous la direction, cette fois, de Mihail Cernea. Il s’agit, en 1962, d’enquêtes sur les ouvriers de l’industrie : pour la première fois, on utilisait, en milieu industriel, des instruments sociologiques pour évaluer les changements dans le « profil spirituel de la classe ouvrière ». Cette recherche, bien que controversée, a brisé la glace qui, depuis plus de quinze ans, recouvrait la sociologie. Pendant la première moitié des années ’60, alors que les communistes roumains prennent leur distance d’avec l’URSS et s’ouvrent aux pays occidentaux ainsi qu’à la Chine, des personnalités culturelles de l’entre-deux-guerres sont réhabilitées, parmi lesquelles Dimitrie Gusti. Ce processus s’est accentué pendant la seconde moitié des années ’60 par la création de chaires de sociologie, d’instituts et de laboratoires de cette discipline[22]. Des études et des biographies de Gusti ont été publiées, ainsi que l’édition critique de son oeuvre. Cette requalification de la sociologie et de Gusti a eu lieu, cependant, sous le contrôle idéologique attentif du parti communiste qui considère, désormais, que la sociologie peut aider à la « construction de la société socialiste multilatéralement développée », à la condition, bien évidemment, qu’il ne s’agisse pas d’une sociologie critique. La récupération de l’œuvre de Gusti et de son école s’est faite donc de manière sélective. Ainsi, ont été republiés les livres, articles et études qui n’entraient pas en contradiction avec la conception de l’histoire du parti communiste. On a consolidé de cette façon une image acceptable pour le régime, mais loin de la réalité historique. Cette redécouverte de la sociologie n’a pas duré plus de dix ans, car, en 1977, la section de sociologie de l’Université de Bucarest a été à nouveau fermée et l’enseignement de la sociologie restreint. Cette répression n’a pas empêché une métamorphose surprenante de l’histoire de la sociologie roumaine au début des années ’80. D’une part, un groupe d’historiens de cette discipline a commencé une étude détaillée et systématique des textes des précurseurs de la sociologie roumaine. D’autre part, Z. Rostas a initié – en dehors des cadres académiques – un projet d’histoire sociale de l’école gustienne, en utilisant la méthode de l’histoire orale pour l’enregistrement des souvenirs des disciples et collaborateurs du professeur Gusti. Ces entretiens ne pouvant alors être publiés, leur valorisation a été repoussée à des temps plus permissifs. Cette orientation d’histoire sociale -dont le présent recueil des Etudes sociales est l’expression- s’est imposée dans les nouvelles conditions d’après 1989 et la chute de Ceaușescu. Cette orientation de recherche s’inscrit aussi, au-delà du champ de la sociologie, dans la redécouverte de la culture de l’entre deux-guerres. Celle-ci, en effet, ne peut se cantonner au trio Eliade-Cioran-Noica. La compréhension du spectre culturel de leur époque implique d’y inclure l’entreprise de Gusti, sans la restitution de laquelle l’image culturelle de l’entre-deux-guerres reste incomplète. En ce sens, l’approche de l’école gustienne dans une perspective d’histoire sociale ne constitue pas une « archéologie » afin de remplir les dépôts d’un musée, mais fait partie du nouveau courant de découverte du social de l’historiographie récente de la Roumanie.
[1] C’est dans ce contexte qu’est aussi apparue la première revue de sciences sociales de Roumanie, L’Archive pour la science et la réforme sociale. Cette revue mensuelle a été publiée jusqu’en 1943. A partir de 1934, elle était devenue également la tribune de l’Institut international de sociologie, publiant des études en langues française, allemande et anglaise.
[2] Voir la contribution de Zoltan Rostas, « Dimitrie Gusti, un sociologue animé par la passion d’organiser », dans ce même numéro.
[3] Pour le gouvernement libéral, « l’objectif est double : reconstruire et unifier. L’unification passe par un ralliement, un consensus autour d’une nouvelle Constitution, de nouvelles institutions » (Catherine Durandin, Histoire des Roumains, Paris, Fayard, 1995, p. 241).
[4] C. Durandin, op. cit., p. 248.
[5] C. Durandin souligne que « l’opposition entre les libéraux et les « paysannistes » réside dans deux représentations identitaires qui ne peuvent se rejoindre » (op. cit., p. 243). Alors que les libéraux étaient pour le centralisme et l’encouragement du capitalisme autochtone et de l’industrie nationale par une politique de protectionnisme douanier, les nationaux-paysans soutenaient, au contraire, la décentralisation et l’ouverture à la finance occidentale. Cette opposition s’appuyait sur des visions différentes de la modernisation et du développement du pays. Aux libéraux, qui voulaient favoriser par tous les moyens l’industrie, V. Madgearu, théoricien « paysanniste » répondait qu’il fallait partir de la simple constatation que la Roumanie de l’entre-deux-guerres était un pays éminemment agricole.
[6] Voir David Mihai Gaita, « Dimitrie Gusti et le système théorique de l’école de Bucarest » dans ce même numéro.
[7] Voir Theodora-Eliza Vacarescu, « Implication et mise à l’écart. Des femmes dans la recherche sociologique et l’intervention sociale dans la Roumanie de l’entre-deux-guerres » dans ce même numéro.
[8] Traian Braileanu (1882-1947) sera ministre de l’Education nationale dans le gouvernement du général Antonescu en septembre 1940.
[9] Virgil Barbat (1879-1931).
[10] Constantin Sudeteanu (1885-1960) est un sociologue d’orientation positiviste, auteur d’ouvrages sur Comte et Durkheim.
[11] Eugeniu Sperantia (1888-1972) est le fils de Theodor, membre du groupement leplaysien la Société internationale de science sociale.
[12] Petru Comarnescu (1905-1970), essayiste, critique littéraire et d’art, ayant fait des études aux États-Unis, où il a passé son doctorat en philosophie à l’University of Southern California à Los Angeles. Initiateur du mouvement « Criterion ».
[13] Mircea Eliade (1907-1986), historien des religions, philosophe et écrivain roumain, établi en France (1945-1956) et ensuite aux États-Unis (depuis 1956), professeur à l’Université de Chicago, académicien.
[14] Constantin Noica (1909-1987), philosophe et essayiste, académicien post mortem. Auteur d’un traité d’ontologie et de travaux de logique, il a traité des thèmes de gnoséologie, de théorie de la culture et d’histoire de la philosophie.
[15] Eugène Ionesco (1909-1993), dramaturge, auteur de La cantatrice chauve et du Rhinocéros.
[16] Z. Rostas, Monografia ca utopie, Interviuri cu H. H. Stahl (La monographie comme utopie. Entretiens avec H. H. Stahl), Bucarest, Editions Paideia, p. 28.
[17] C’est Corneliu Zelea Codreanu (1899-1938), chef de la Légion de l’Archange Michel, qui était ainsi désigné.
[18] Voir Zoltan Rostas, « L’histoire d’un congrès reporté : le XIVe Congrès international de sociologie (Bucarest, août-septembre 1939) » dans ce numéro.
[19] Voir David Mihai Gaita, « Henri H. Stahl et la monographie sociologique » dans ce numéro.
[20] H. H. Stahl travaille à l’aménagement du territoire. D’autres institutions, comme le Centre de recherches anthropologiques de l’Académie roumaine ou bien l’Institut d’histoire de l’art (G. Focsa, P. Petrescu), ouvrent également leurs portes à d’anciens équipiers de Gusti. L’ethnographie et le folklore « absorbent » une grande partie des anciens monographistes, à travers diverses institutions comme, par exemple, l’Institut de folklore. Des études empreintes de sociologie d’avant-guerre purent donc être menées, sous diverses couvertures.
[21] Sous la direction de l’économiste Costin Murgescu et du sociologue Gheorghe Retegan.
[22] En 1965, Miron Constantinescu, figure importante du parti communiste roumain et, en même temps, ancien monographiste, fait réouvrir un enseignement universitaire de sociologie, de manière très encadrée. H. H. Stahl est recruté pour assurer des enseignements.
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